Des centaines de familles risquent une expulsion forcée
Malgré plusieurs plaintes adressées par les résidents, les autorités turkmènes poursuivent leur projet de démolition de grande ampleur qui mettrait à la rue des centaines de familles aux alentours d’Achgabat, la capitale du pays.
Des centaines de familles risquent d’être victimes d’expulsion forcée aux alentours d’Achgabat. Celles qui habitent le quartier de Choganly sont les plus concernées. En mars et avril 2015, les résidents ont appris qu’ils devaient détruire leurs maisons ou celles-ci seraient démolies par les autorités. Ces dernières ont affirmé que certaines maisons étaient censées être des résidences de vacances (dachas), que certaines constructions étaient illégales et que certains propriétaires ou occupants ne pouvaient pas prétendre à une indemnisation ou à une solution de relogement.
Selon les médias, nombre de maisons servent de résidence principale ou unique pour beaucoup de personnes. Certaines familles ont déjà été expulsées lors de précédents programmes d’aménagement urbain et se sont vu donner des parcelles de terrain vides et des tentes à Choganly. Elles ont alors construit de nouvelles maisons et utilisé les terrains pour faire des cultures. D’autres, venues d’autres provinces du pays en quête de travail, louaient ces maisons qui sont parmi les moins chères d’Achgabat. Le nombre de constructions concernées par le projet de démolition varie de 13 000 à 18 000.
Selon Alternative Turkmenistan News, la moitié des maisons dans les quartiers visés ont déjà été détruites au cours des dernières semaines. Des spécialistes du Turkménistan font le lien entre les expulsions forcées et la construction d’infrastructures en vue des Jeux asiatiques des sports en salle et des arts martiaux, qui auront lieu en 2017, ainsi qu’un projet d’aménagement urbain en cours qui remplacerait les maisons par des immeubles modernes.
Ces démolitions sont loin de respecter les normes internationales relatives aux droits humains en matière d’expulsions. Les résidents des quartiers concernés n’ont pas été prévenus dans un délai raisonnable ou consultés à propos de solutions alternatives, et on ne leur a proposé aucun nouveau logement. L’Initiative turkmène pour les droits humains, ONG basée à Vienne, a indiqué que les personnes qui s’étaient plaintes des conditions d’expulsion étaient victimes d’actes de harcèlement et d’intimidation de la part des autorités.
Le Turkménistan est partie à plusieurs traités internationaux relatifs aux droits humains, tels que le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui prévoient que les États doivent empêcher les expulsions forcées et s’abstenir de prendre de telles mesures.
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Le bilan du Turkménistan en matière de droits humains est extrêmement mauvais : les autorités harcèlent systématiquement les dissidents, les journalistes et les défenseurs des droits humains, des informations qui continuent de faire état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements commis par les forces de sécurité à l’encontre de détenus, et le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion est restreint de façon généralisée.
Depuis l’éclatement de l’Union soviétique, les autorités turkmènes font tout, et avec succès, pour empêcher la communauté internationale d’avoir connaissance des violations des droits humains perpétrées dans le pays. Les informations relatives aux véritables conditions de vie là-bas sont rares. Les observateurs indépendants n’ont pas le droit d’entrer sur le territoire et les informateurs sur place sont réduits au silence. Il n’y a pas de réel parti politique, de médias indépendants ou d’organisations de défense des droits humains agissant librement dans le pays. Toute dissidence est brutalement réprimée et le climat de peur dépasse les frontières du pays. Pour en savoir plus, consultez le rapport d’Amnesty International Turkmenistan: An “Era of Happiness” or more of the same repression? (www.amnesty.org/en/documents/eur61/005/2013/en/).
Personnes concernées : familles risquant l’expulsion