Risque de cécité pour un détenu privé de soins
Foudama Ousmane est maintenu en détention depuis plus de six mois sans inculpation. Il a perdu l’usage de ses deux yeux et a contracté une tuberculose pulmonaire en détention. Il ne reçoit pas les soins dont il a besoin.
Foudama Ousmane, 32 ans, a été arrêté puis incarcéré par le bataillon d’intervention rapide (BIR) au camp militaire de Salak, à Maroua (nord du Cameroun), le 26 septembre 2014 pour sa prétendue affiliation à Boko Haram. Il a été détenu au secret par le BIR dans ce camp militaire pendant 99 jours sans pouvoir contacter sa famille ni bénéficier d’une assistance juridique, avant d’être transféré dans la prison de Maroua le 23 décembre 2014.
En janvier 2015, son père lui a rendu visite à la prison de Maroua après qu’on lui ait dit où Foudama se trouvait. Lors sa première visite, il a appris que son fils avait perdu la vue dans les deux yeux et contracté une tuberculose pulmonaire pendant sa détention dans le camp militaire de Salak. Foudama Ousmane prend actuellement un traitement pour la tuberculose pulmonaire, mais ses yeux ne sont toujours pas soignés malgré les demandes de sa famille en ce sens auprès des autorités, et notamment du procureur général et du commissaire du gouvernement.
Fin mars, Amnesty International a envoyé des lettres aux autorités concernées au Cameroun (gouverneur de la province de l'Extrême-Nord, commissaire du gouvernement, commandant de la légion de gendarmerie de l'Extrême-Nord, ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, ministre de la Justice et ministre de l'administration territoriale et de la décentralisation) leur demandant de faire en sorte qu’il reçoive les soins médicaux que son état nécessite et qu’il puisse s’entretenir avec un avocat.
La santé de Foudama Ousmane inspire de graves inquiétudes car il n’a toujours pas reçu de soins médicaux adaptés, ce qui pourrait aggraver le risque de cécité permanente.
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Foudama Ousmane est un commerçant de Maroua. Il a été accusé d’appartenir à Boko Haram par un policier à qui il vendait du carburant. D’après les informations reçues, le policier s’est retourné contre Foudama Ousmane après que celui-ci lui a demandé de payer le carburant qu’il avait pris dans son magasin plus tôt.
Le bataillon d'intervention rapide (BIR) est une unité tactique placée sous les ordres du chef d’état-major de l’armée. L’exécution de ses missions est préalablement soumise à l’approbation du président camerounais. Le BIR est basée au camp militaire de Salak.
Nom : Foudama Ousmane