Trois Libyens en détention risquent la torture
Deux Libyens, Moad Mohammad al Hashmi al Harari et Adel Rajeb Nasif, ont été arrêtés par les forces de sécurité émiriennes en septembre 2014. Un troisième, Issa al Mana a été appréhendé aux alentours du 12 mars dernier. Ces trois hommes sont victimes d’une disparition forcée et risquent de subir des actes de torture ou d’autres mauvais traitements.
Moad Mohammad al Hashmi al Harari, 27 ans, a été arrêté le 28 septembre 2015 alors qu’il était aux Émirats pour renouveler son permis de séjour sur le point d’expirer. Il devait rentrer en Libye le lendemain. Sa famille a appris qu’il avait été escorté depuis un café par trois ou quatre agents de sécurité. Adel Rajeb Nasif, 45 ans, vivait avec sa famille à Doubaï et a été appréhendé vers le 20 septembre alors que ses proches visitaient Tripoli. Issa al Mana, 65 ans, a lui aussi été arrêté.
Les autorités émiriennes n’ont donné aucune information sur le lieu ou la raison de leur détention. Ces trois hommes sont victimes de disparition forcée, ce qui constitue une infraction au regard du droit international.
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Les autorités émiriennes ont arrêté des dizaines de ressortissants étrangers ces dernières années. Beaucoup sont soumis à une disparition forcée, détenus dans des lieux tenus secrets par des services qui refusent de confirmer leur situation et de communiquer la moindre information à leurs familles – notamment le motif, le fondement juridique, le lieu et les conditions de leur incarcération. Ils n'ont pas non plus le droit de consulter un avocat. Ces conditions enfreignent la législation émirienne et le droit international. Nombre de personnes arrêtées sont détenues à l'isolement et affirment subir des actes de torture ou d'autres mauvais traitements pendant leurs interrogatoires.
Au moins 10 autres Libyens ont été arrêtés en août et septembre 2014 et soumis à une disparition forcée. Quatre d’entre eux ont été libérés en décembre (voir l’AU 236/14).
Après s’être rendue aux Émirats en février 2014, Gabriella Knaul, Rapporteuse spéciale des Nations unies sur l'indépendance des juges et des avocats, a expliqué ne pas avoir été autorisée à visiter les prisons dans le cadre de sa mission d'établissement des faits. Lors d’une conférence de presse, elle a ajouté qu’elle n’avait pas pu rencontrer certains détenus mais qu’elle avait reçu des informations crédibles et des éléments de preuve indiquant que les autorités avaient appréhendé des personnes sans mandat, leur avaient bandé les yeux, les avaient emmenés dans des lieux inconnus et détenus au secret, parfois pendant des mois. Gabriella Knaul a appelé le gouvernement à diligenter une enquête indépendante sur les allégations de torture aux Émirats.
Le 16 février 2015, The National, journal appartenant au gouvernement, a publié un article dans lequel il annonçait que les Émirats avaient adopté 36 recommandations émises par le service des droits humains du ministère émirien des Affaires étrangères, après que celui-ci a mené une enquête sur les rapports internationaux relatifs au bilan du pays en matière de droits humains. Cet article mentionnait qu'une de ces recommandations portait sur la création d'un comité indépendant qui serait chargé d'examiner toutes les allégations de torture. Néanmoins, le texte a disparu du site internet du journal le lendemain de sa publication, ce qui est plutôt décourageant.
Amnesty International a rendu compte de la situation de ressortissants étrangers placés en détention aux Émirats dans son rapport de novembre 2014, “There is no freedom here” – Silencing dissent in the United Arab Emirates
(http://www.amnesty.org/en/library/info/MDE25/018/2014/en).
Noms : Moad Mohammad al Hashmi al Harari, Adel Rajeb Nasif, Issa al Mana