Un ex-candidat à l’élection présiden-tielle condamné à cinq ans de prison
Le 14 mai, le prisonnier d’opinion Andreï Sannikau a été condamné à cinq ans de prison par un tribunal de Minsk. Amnesty International considère que l’ex-candidat à l’élection présidentielle a été condamné uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté de réunion et d’expression, et demande sa libération immédiate et sans condition.
La veille de sa condamnation, Andreï Sannikau a déclaré devant le tribunal qu’il avait été torturé et maltraité en détention, et que les éléments utilisés contre lui avaient été obtenus sous la torture. Amnesty International pense que les accusations d’« organisation de troubles à l’ordre public » retenues contre Andreï Sannikau sont infondées et que les autorités tentent de l’incriminer dans le cadre d’une campagne plus large de répression contre l’opposition et la société civile en général à la suite de la manifestation.
L’organisation condamne le fait que les autorités bélarussiennes n’aient pas permis à Andreï Sannikau de bénéficier des soins médicaux exigés par la dégradation de sa santé. À plusieurs reprises au cours de son procès, Andreï Sannikau a demandé une assistance médicale qui lui à été refusée.
Trois autres prisonniers d’opinion ont également été condamnés lundi 16 mai. La femme d’Andreï Sannikau, la journaliste Irina Khalip, s’est vu infliger une peine de deux ans de prison avec sursis ; les militants de l’opposition Pavel Severinets et Sergueï Martseleu ont quant à eux été condamnés à trois ans d’emprisonnement et à deux ans de prison avec sursis et mise à l’épreuve, respectivement. Tous trois étaient accusés de trouble à l’ordre public en raison de leur participation à une manifestation en décembre.
INFORMATIONS GÉNÉRALES
Andreï Sannikau est l’un des 11 prisonniers d’opinion actuellement emprisonnés ou détenus au Bélarus à la suite d’une manifestation majoritairement pacifique qui a eu lieu le 19 décembre 2010. Des dizaines de milliers de Bélarussiens se sont rassemblés dans le centre de Minsk pour protester contre l’élection présidentielle entachée d’irrégularités. La manifestation s’est principalement déroulée dans le calme mais lorsque des violences ont éclaté devant le siège du gouvernement, la police antiémeute est intervenue pour disperser la foule. Plus de 700 personnes ont été arrêtées ; pour une vaste majorité, il s’agissait de manifestants pacifiques ou de passants.
La plupart des personnes arrêtées ont été inculpées d’infractions administratives et condamnées à des peines allant de 10 à 15 jours de détention. Cependant, beaucoup d’autres - notamment six des sept candidats de l’opposition à l’élection présidentielle, des militants de l’opposition et des journalistes indépendants de premier plan - ont été inculpés d’« organisation de troubles à l’ordre public de grande ampleur » et risquent d’être condamnés à des peines pouvant aller jusqu’à 15 ans de réclusion. Depuis cette manifestation, les autorités ont mené des perquisitions dans les locaux de partis de l’opposition et de médias à travers tout le pays, et les défenseurs des droits humains, les avocats et d’autres militants de la société civile ont été témoins d’une répression sans précédent visant leurs activités. Beaucoup ont été arrêtés dans les mois qui ont suivi la manifestation.
Sur les 11 prisonniers d’opinion détenus à ce jour, sept ont été condamnés à des peines allant de deux à quatre ans d’emprisonnement. Les personnes citées dans les mises à jour précédentes de l’AU 264/10 et dont le nom n’apparaît pas ci-dessous ont été libérées sous caution. Les personnes nommées dans la liste ci-dessous et qui n’apparaissaient pas dans les mises à jour précédentes n’ont pas été arrêtées récemment mais Amnesty International a été informée de leur situation il y a seulement peu de temps.
Les 11 prisonniers d’opinion sont :
des candidats à l’élection présidentielle
1. Nikolaï Statkevitch, 2. Vladimir Nekliaïev, 3. Andreï Sannikau ;
des militants de l’opposition
4. Alexandre Atrochtchankau, attaché de presse d’Andreï Sannikau, 5. Zmitser Bandarenka, partisan d’Andreï Sannikau, 6. Zmitser Dachkevitch, chef de file du mouvement de jeunesse Jeune Front, 7. Édouard Lobau, membre du mouvement de jeunesse Jeune Front, 8. Mikita Likhavid, étudiant, 9. Ales Kirkevitch, membre du mouvement de jeunesse Jeune Front, 10. Pavel Severinets, militant en faveur du candidat de l’opposition Vitali Rymachevski, 11. Dmitri Boulanov, infirmier.