Les prisonniers d’opinion doivent être libérés
Amnesty International demande la libération de 15 militants et journalistes bélarussiens inculpés d’« organisation de troubles à l’ordre public de grande ampleur » à la suite d’une manifestation qui a eu lieu le 19 décembre pour protester contre les résultats de l’élection présidentielle.
Plus de 700 personnes ont été placées en détention en raison de leur participation à cette manifestation. La plupart ont depuis été relâchées après avoir purgé une brève peine administrative, mais des militants, des journalistes et des représentants politiques de premier plan sont toujours incarcérés dans le cadre de cette mesure de répression manifeste contre l’opposition.
À ce jour, 30 journalistes et militants de l’opposition, dont cinq candidats à l’élection présidentielle, ont été arrêtés et inculpés. Leurs procès devraient avoir lieu dans deux ou trois mois et ils risquent une peine pouvant aller jusqu’à 15 ans de réclusion. Il semble que les détenus ne soient pas autorisés à bénéficier de manière satisfaisante des conseils d’avocats et à être convenablement examinés par des médecins alors même que certains d’entre eux ont été blessés après avoir été battus par la police antiémeute lors de la manifestation.
Amnesty International rassemble des informations sur ces 30 personnes. Actuellement, l’organisation dispose de suffisamment d’éléments pour affirmer que 15 d’entre elles n’ont pas eu recours à la violence et n’ont incité personne à en faire usage, que ce soit avant ou pendant la manifestation. Amnesty International pense que ces 15 détenus ont été inculpés uniquement pour avoir exercé de manière pacifique leurs droits à la liberté d’expression et de réunion. En conséquence, l’organisation réclame leur libération immédiate et inconditionnelle et l’abandon des charges retenues contre eux. En outre, 14 autres personnes ont été placées en détention sans avoir été inculpées. Elles aussi ont été arrêtées à la suite de la manifestation. Au fur et à mesure que des informations seront rassemblées, il est probable que d’autres prisonniers d'opinion soient identifiés.
Un candidat à l’élection présidentielle, Vitali Rymachevski, et deux militants de l’opposition, Anatol Paulau et Aleg Korban, ont été inculpés d‘« organisation de troubles à l’ordre public de grande ampleur » mais ils ont été libérés. Amnesty International demande que les charges retenues contre ces trois hommes soient abandonnées.
INFORMATIONS GÉNÉRALES
Les 15 prisonniers d’opinion reconnus à ce jour sont :
les candidats à l’élection présidentielle Alexeï Mikhalevitch, Nikolaï Statkevitch, Vladimir Neklaev et Andreï Sannikov ;
les journalistes Natalia Radina, administratrice du site Charter97, Irina Khalip, correspondante du journal russe Novaya Gazeta, et Sergueï Vozniak, rédacteur en chef du journal Tovarich ;
le commentateur politique Alexandre Fedouta ;
les militants de l’opposition Pavel Severinets, militant de l’opposition et membre de l’équipe de campagne de Vitali Rymachevski, Anatol Labedzka, membre du Parti de l'Union civique, Vladimir Kobets, membre de l’équipe de campagne d’Andreï Sannikov, Zmitser Bandarenka, coordonateur du mouvement d’opposition Bélarus européen, Alexandre Arastovytch et Sergueï Martseleu, membres de l’équipe de campagne de Nikolaï Statkevitch, et Anastasia Palajanka, vice-présidente du mouvement de jeunesse Jeune Front.
Avant l’élection, des groupes d’opposition avaient appelé leurs partisans à se rassembler dans le centre de Minsk après la clôture du scrutin, le 19 décembre. Quelque 30 000 manifestants se sont réunis et ont marché en direction du parlement, sans en être empêchés par les forces de l’ordre, qui ont arrêté la circulation pour leur permettre de passer. Vers 21 heures, ils se sont rassemblés à l’extérieur du parlement et les dirigeants de l’opposition ont pris la parole. Aux alentours de 22 heures, une vingtaine de jeunes hommes masqués, qui se tenaient près des portes du bâtiment armés de matraques, ont appelé la foule à prendre le parlement d’assaut et ont commencé à casser des fenêtres. Des témoins ont indiqué que le candidat à l’élection présidentiel Nikolaï Statkevitch, qui avait la parole à ce moment-là, a appelé les manifestants à rester calmes. La police antiémeute est arrivée sur les lieux peu après et a chassé toutes les personnes présentes. De nombreux militants de l’opposition ont été placés en détention pendant la manifestation et dans la nuit qui a suivi.